vendredi 21 mars 2008

Le Ryokan : comment apprivoiser les pantoufles

Avant de tomber sur le sculpteur à la tronçonneuse, nous nous trouvions, Brad, un agent touristique anglais et moi en train d'explorer plusieurs petites auberges du district de Ryujin - petite communauté du nord de Tanabe. Ryujin est aussi le site d'une source chaude reconnue comme étant l'une des trois «Bijin no yu» (eau de beauté) du Japon. Cette eau a une texture soyeuse tellement elle est riche en minéraux : une excellente thérapie pour la peau.
Nous avons visités trois Ryokans de styles différents. Le Ryokan ou auberge traditionnelle japonaise se distingue du «Business Hotel» en ce qu'elle privilégie la détente. Il faut d'ailleurs enlever ses chaussures et enfiler des pantoufles dans la plupart des Ryokans dès le hall d'entrée! (Parenthèse : certaines pantoufles sont vraiment glissantes et tentent de s'échapper à chaque fois que je monte un escalier. J'ai déjà fait voler une pantoufle à 5 mètres plus loin... Elles ne m'aiment pas... mais je saurai bien les apprivoiser un jour!)
Les chambres sont généralement de style japonais (Washitsu), c'est-à-dire que le plancher est recouvert de tatami et le mobilier est constitué d'une table basse et de quelques chaises (le personnel de l'auberge sort le futon au coucher du soleil et le range durant le repas du matin). Certains Ryokans offrent toutefois quelques chambres de style occidental (avec des lits et un plancher de bois ou de tapis).

De manière générale, une nuitée au Ryokan inclus le repas du soir et celui du matin, ainsi que l'accès au Onsen (si Onsen il y a). Les repas sont bien sûr aussi de style traditionnel japonais (Kaiseki Ryori), comprenant une succession de petits plats de toute sorte. Pour le repas du matin, on sert habituellement du poisson, du tofu et du gruau de riz, ainsi que quelques fruits.Les ryokans que nous avons visités étaient tous très accueillants. Le premier, Kamigoten, était très impressionnant puisque la même famille est à la tête de ce Ryokan depuis 29 générations!! Kamigoten était à l'origine, il y a plus de 600ans,
la résidence de l'empereur lorsqu'il séjournait dans la région. Le bâtiment actuel a été reconstruit après un incendie vers la fin du 19e siècle.
Ci-dessous : l'entrée de Kamigoten.

Autre parenthèse : une équipe de tournage qui suit Brad depuis une semaine pour la télévision nationale nous y a filmé alors que nous visitions (Gaia - l'émission sera diffusée le 20 avril!). Nous avons aussi visité une auberge un peu plus moderne, Kirari, qui vient tout juste d'ajouter un pavillon à son établissement. Puis nous avons vu Shimogoten, tout juste à côté de Kamigoten et qui logeait les non-aristocrates séjournant dans la région durant la période Edo (1603-1868). Maintenant aussi complètement revampée, Shimogoten offre des Rotenburo privés sur le balcon de ses chambres! :D
Ci-dessous : estrade de poupées pour le Hinamatsuri, la fête des poupées (fête dédiée au petite filles), dans le hall de Shimogoten.

http://www.shimogoten.com/
http://kirari-ryujin.com/

L'art de la tronçonneuse

Les tronçonneuses servent aux bûcherons (et, dans quelques films, aux massacres aussi). Y a-t-il des bûcherons japonais ? Oui… mais ici, c'est plutôt l'art qu'on associe à la tronçonneuse.
À Tanabe réside le champion du monde de sculpture à la tronçonneuse - Kidokoro-san. Il a gagné le titre de champion du monde trois années de suite et défendra son titre encore une fois en 2008.
Nous nous sommes arrêtés vendredi alors qu'il était en train de sculpter un cheval grandeur nature au grand air.

mercredi 19 mars 2008

Le bain – Onsen 101

Le bain est un rituel au Japon. C'est un fait, tous les japonais adorent prendre un bain. Dans la plupart des maisonnées, la famille au complet prend un bain une fois par jour. Normal vous me direz, mais ce n’est pas pour se laver.
Au Japon, on se lave hors du bain avec une petite douche, le principe étant qu'aucune saleté ni bulle de savon ne doit entrer en contact avec l'eau du bain. Celle-ci est réutilisée par tous les membres de la famille (d’ailleurs, le bain est chauffant et garde l'eau à la température souhaitée), et par la suite cette eau est encore assez propre qu'elle est souvent recyclée pour le lavage des vêtements.
Je ne sais pas d'ou vient cet amour du bain, mais il est sûrement relié, sinon prend sa source (littéralement) dans les Onsen (sources thermales). Le Japon étant un archipel volcanique, son territoire est parsemé de sources d'eau chaude riches en minéraux. Elles sont reconnues pour avoir des propriétés thérapeutiques et rajeunissantes.
Ces sources thermales ont pour la plupart été développées en villes thermales ou complexes hôteliers qui sont visités à chaque années par des millions de touristes de partout au Japon.
Une étiquette particulière est à suivre pour ceux qui visitent un Onsen : comme le bain à la maison, il faut s'assurer d'être complètement propre avant d'entrer dans le bain. La plupart des bains publics ou établissements hôteliers offrent le savon et le shampooing à leurs clients. La plupart des bains ne sont pas mixtes, mais comme à la maison, la nudité est de mise. Pour les bains mixtes, on peut utiliser une serviette de bain pour se couvrir ou un costume de bain (selon l'établissement). Cependant, dans les bains non-mixtes, l'étiquette veut que l'on ne mette pas de serviettes dans le bain.
Cela peut être un peu gênant au départ, mais on s'y habitue très rapidement - l'eau est vraiment bonne et on y devient vite accro!
Les Onsens extérieurs (Rotenburo) sont particulièrement agréables - il fait bon s'y baigner en toute température (pluie, neige et beau temps), et certains rotenburo offrent un panorama tout à fait renversant.
Vous l'avez deviné, la région de Tanabe est reconnue pour ses Onsen, et il est particulièrement revigorant de s'y baigner après une longue marche, comme nous l'avons fait après avoir testé l'audioguide. L'Onsen où nous sommes allés, Wataraze, se targue d'avoir le plus gros Rotenburo de l'ouest du Japon. Se baigner dehors dans cette eau à 55oC, avec un paysage de montagnes tout alentour... détente absolue garantie!
Pour en savoir plus sur le bain et sa signification culturelle, je suggère un petite lecture (en anglais) : «Getting Wet : Adventures in the Japanese Bath» par Eric Talmadge.

mardi 18 mars 2008

Hanko

Aujourd'hui, Urano-san m'a rebaptisée.
Apparemment, c'est une tradition (qui a commencé avec Brad, et qui se poursuit avec moi... bref une tradition en cours de fabrication), selon laquelle Urano-san trouve des Kanjis (caractères d'origine chinoise) pour les noms de ceux/celles qui n'en ont pas.
Je m'explique : le japonais est constitué deux syllabaires (alphabet où chaque lettre équivaut à une syllabe) et d'un système lolographique - les Kanjis, symboles chinois. Un autre exemple de système lolographique sont les hiéroglyphes. Dans les deux cas, un dessin / un caractère = une idée / un mot.
Je m'explique un peu plus : tous les noms japonais sont en kanjis, mais les noms qui proviennent d'autres langues s'écrivent avec le syllabaire Katakana, qui est utilisé pour écrire tous les mots d'origines étrangères... Wikipédia offre de bonnes explications pour ceux/celles qui veulent en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Kanji
http://fr.wikipedia.org/wiki/Syllabaire
Bref, suffit de savoir qu'Urano-san a trouvé des Kanjis dont le sens est approprié et qui se lisent Me-Ra-Ni, Mélanie (ce n'est pas chose très facile).
Mon nom s'écrit donc maintenant :
芽 -Me : qui signifie un bourgeon, une nouvelle pousse
螺 -Ra : comme dans Horagai, l'instrument dont les moines ascétiques joue alors qu'ils marchent les montagnes.
尼 -Ni : comme dans Bikuni, l'ordre des soeurs qui prêchaient les religions de Kumano à travers le Japon il y a près de 500ans.









--- voici des Horagai (^;^)



J'ai donc un nom très rattaché à la région où je suis :) .
Urano-san était bien content de sa trouvaille et décida d'aller me faire faire un Hanko (un étampe) sur le champ. Les Hankos sont utilisés comme signatures au Japon, et tout le monde en a un. Maintenant, cadeau de mon patron, j'ai le mien aussi :)

lundi 17 mars 2008

Les fleurs d’Ume

Durant mes dernières promenades, j’ai pu prendre plus de photos des fleurs d’Ume, que je mentionne dans « Cueillir des clémentines » – voici :

Audioguide

Comme dans un musée, il sera bientôt possible d'écouter des explications historiques et culturelles à certains points le long du chemin de pèlerinage menant de Tanabe à Hongu Taisha. Cet audioguide devrait être accessibles à tous sur le site web du bureau d'ici le début d'avril (téléchargement gratuit).
Brad a passé beaucoup d'heures à amasser l'information et à écrire le script de 70 pages pour cet audioguide (bientôt aussi disponible en français!). Vous trouverez peut-être cela exagéré, mais simplement en écrivant ce blog, je peux vous dire que non. En lisant mes petites anecdotes, vous vous êtes sûrement aperçus que la région de Kumano est extrêmement complexe. Cette région où s'enchevêtrent plusieurs milliers d'années d'histoire, plusieurs religions, et une importance spirituelle pour tout un peuple, est difficile à saisir sans plus d'explications.
C'est pourquoi le bureau a mis sur pieds ce projet d'audioguide, accessible à tous, vulgarisant l'équivalent de plusieurs gros bouquins académiques en un exposé simplifié et facile à écouter. Une citoyenne de la ville, fille du prêtre d'un des temples de la région, en fait la lecture - elle présente sa région et on peut entendre combien elle en est fière. L'audioguide sera accompagné d'une carte du pèlerinage (également téléchargeable), marquant les points où écouter les pistes audio.
En gros, ce projet est terminé, mais avant sa sortie, il nous fallait le tester! Le bureau a donc fait appel au étrangers habitant la région pour qu'ils puissent évaluer et donner leur opinion sur cet audioguide.
J'ai fait partie de cette mini expédition qui a eu lieu samedi passé, le 15 mars. Nous avons, soit dit en passant, effectués le même trajet que nous avions accompli la veille, le 14 mars, avec les gens de la presse.
J'ai donc fait le même trajet deux jours d'affilée, mais ces deux expériences n'auraient pas pu être plus différentes! À l'inverse de la pluie qui nous a suivi toute la journée vendredi, la randonnée de samedi s'est passée sous un soleil éblouissant! Les photos ci-dessous en témoignent : notez les deux premières, ce sont les mêmes prises de vues que les deux premières prises de vues de l'entrée «Second pèlerinage (4 de 4) – Kumano kodo»... C'est fou la différence, non?




Photos du 14 mars :







Photo du 14 mars :











Un petit serpent Yamakagashi :




























L'escalier menant à Hongu Taisha et le Torii qui en marque l'entrée :














Oyunohara :

Second pèlerinage (coda) – Aikido

Après notre petite marche de santé, nous nous sommes brièvement arrêtés à Hongu Taisha, puis à Oyunohara.
Oyunohara est un autre de ses endroits qui donne l’impression d’être minuscule devant l’immensité de la nature. C’est l’ancien lieu ou était située Hongu Taisha avant d’être emportée par les eaux d’une innondation monstre en 1889. Hongu Taisha a par la suite été reconstruite 500 mètre plus loin sur une colline, mais le site de Oyunohara demeure consacré. Le plus haut torii du monde, mesurant plus de 34 mètre, en marque l’entrée. Oyunohara est en fait une petite clairière entourée de gros arbres. C’est paisible et rassurant comme endroit.
Sous la pluie nous ne sommes pas restés très longtemps et avons vite poursuivi notre route jusqu’au dernier arrêt avant le souper : un atelier d’Aikido.
Je n’avais jamais vu de démonstration d'Aikido auparavant et j’ai trouvé le fondement de cet art martial très intéressant : il n’est pas agressif. En fait, l’Aikido est l’art d’utiliser la force de son opposant pour le repousser. Il n’y a ni coup de poing, ni coup de pied dans cet art, seulement des mouvements d’esquive.

Second pèlerinage (4 de 4) – Kumano kodo

Nous passons la nuit au Ryokan Fujiya, près de Kawayu Onsen. Kawayu signifie « rivière à eau chaude » et comme son nom l’indique, l’eau d’une source chaude remonte jusque dans le lit de la rivière même. C’est un phénomène assez rare mais qui est très apprécié dans la région. La rivière elle-même est une source chaude, et l’on peut s’y creuser des bains soi-même dans son lit rocailleux.
Fujiya est un bel hôtel et nous avons bien (trop) mangé (et bu)! La levée du corps est difficile le lendemain à 7h, surtout avec la randonnée qui nous attend!
En effet, aujourd’hui nous allons marcher 7km en montagne, de Hosshinmon-Oji à Hongu Taisha (Grand Sanctuaire de Hongu). Pour aider notre enthousiaste réveil, il pleut des cordes. Ce n’est pas une averse, c’est un déluge!
On nous avait prévenu, la météo ne serait pas de notre côté, mais selon Urano-san, les chemins de pèlerinages sont plus beau dans la pluie... Et il n'a pas tord!

La pluie et le brouillard donnent un aspect complètement mystique à la forêt. Nous sommes d’ailleurs chanceux car la pluie diminue jusqu’à s’arrêter sur l’heure du lunch pour ne reprendre que plus tard à Hongu Taisha.
J’ai pu prendre plusieurs prises de vues assez intéressantes – cela ne rend cependant pas justice à l’original. Durant cette randonnée, j’ai compris pourquoi les japonais des temps anciens croyaient que des dieux habitent la région : on sent la grandeur de la nature tout autour de soit, comme une présence. À défaut d’un autre mot qui décrit bien ce sentiment, on peut comprendre qu’ils aient choisi « Kami », dieu.

dimanche 16 mars 2008

Second pèlerinage (3 de 4) – La tradition

Après ce bon repas, nous faisons un bref arrêt à Ipposugi – un petit Oji entouré d’arbres vieux de 700 à 800ans. Toutes les branches de ces cèdres géants pointent vers le sud : la direction du paradis du bouddha Amida, et du sanctuaire de Nachi. Ce lieu est donc particulièrement sacré, et les pèlerins y ont construit un Oji. Nous y prenons des photos avec Kashi-chan an costume d’époque.

Kashi-chan a continué de se sacrifier pour les journalistes en posant ensuite dans le bain de Tsuboyu à Yunomine Onsen. Tsuboyu est le seul bain de source chaude enregistré comme patrimoine mondial de l’UNESCO dans lequel on peut encore se baigner. L’histoire de Yunomine est riche et un peu trop longue pour cette entrée de blog…. Une autre fois!










Ci-haut : Onsen tamago - des oeufs cuits
directement dans la source chaude.


Nous nous dirigeons ensuite vers la demeure du dernier artisan de chapeaux traditionnels de la région. M. Shiba est consacré « Trésor National Vivant », étant le dernier à faire les chapeaux en écorce de cèdre qui étaient jadis portés par les pèlerins - et sont aujourd’hui toujours portés par les moines Yamabushi.
M. Shiba nous explique qu’il a appris la technique de son père qui était artisan avant lui, qui lui l’avait appris de son père. L’art est maintenant presque perdu, puisque personne après M. Shiba ne continue la tradition.
Les chapeaux coniques en écorce de cèdre sont particulièrement technologique (oui oui!) – l’écorce de cèdre lorsque sèche laisse bien passer l’air, mais lorsque mouillée se dilate pour fermer tous les interstices du chapeau, protégeant ainsi celui qui le porte de la pluie.

Après ce court arrêt chez M. Shiba, nous poursuivons notre route vers Hongu où nous avons rendez-vous avec le groupe local de Taiko (tambour japonais) pour un atelier. Le groupe Okukumano-daiko se présente en spectacle un peu partout dans la région, et joue aussi au cours des festivals.
Les taikos sont vraiment impressionnant : le groupe a deux taikos géants, chacun fait à partir du tronc d’un seul arbre. Après une courte présentation, nous avons pu les essayer - ils résonnent jusqu’à l’intérieur de nous. Bref, cela m’a donné le goût d’en faire aussi!

Second pèlerinage (2 de 4) – Takahara

Nous quittons Takijiri-oji pour nous rendre à Takahara-oji, au sommet d’une montagne, dans un petit village portant le même nom. C’est un petit Oji très coloré – peint d’orange et de rouge. L’histoire de cet Oji n’est pas aussi importante que celle de Takijiri – c’était là un bon endroit où les pèlerins pouvaient se reposer.
Le village de Takahara se dépeuple à un rythme assez rapide, et il n’y a maintenant plus qu’un seul enfant dans le village. La plupart des maisons sont inhabitées et servent principalement de maison de campagne pour certaines familles qui s’y retrouvent une fois l’an pour le festival de Obon (honorant les esprits des ancêtres). Plusieurs moyens sont mis en œuvre pour créer de l’emploi et attirer les gens dans ce petit village. Par exemple, on est en train de bâtir une auberge traditionnelle près du chemin de pèlerinage. Les randonneurs qui désirent s’y reposer auront accès à des bains de sources chaudes et des repas traditionnels.
Non loin de là, dans un autre petit village montagnard, se trouve le petit restaurant où nous allons luncher : Bocu. L’histoire de ce petit resto est tout à fait touchante. Une jeune fille de la région quitta son village pour aller étudier et travailler à Osaka. Après ces études elle réalise que son coin de pays lui manque et décide de rentrer à Nakahechi. Elle et une de ses amies se dénichent une vieille ferme qu’elles rafistolent. Elles commencent ensuite à cultiver leur champ et ouvrent un restaurant de cuisine micro-biotique.
Tout ce que nous y avons mangé était vraiment excellent!! On goûtait bien la qualité des ingrédients :)

Second pèlerinage (1 de 4) – Takijiri-oji

Après plusieurs longues journées de préparation, le 14 mars arrive enfin – le jour où débute la tournée 2008 des médias. Pour cette tournée de la région, le bureau a invité les médias anglophones des grandes villes japonaise (donc les médias dont la clientèle cible est « l’étranger vivant au japon »).
Il y a des représentants de Metropolis, Kansai Timeout, The Japan Times et même du Lonely Planet – 7 journalistes en tout.
La journée commence vers 10h, alors que nous allons à la rencontre de nos invités à l’aéroport de Shirahama. Akagi et Kashimoto portent tous deux les costumes traditionels de Yamabushi (moine des montagnes) et de dame aristocrate (le kimono de la période Heian). Nous accueillons nos invités et partons en bus vers notre premier arrêt de la journée : Takijiri-Oji.
Un Oji est un petit sanctuaire, tributaire de l’un ou l’autre des 3 grands sanctuaires de la région. Chaque Oji est consacré à l’un des enfants de l’un des dieux du Kumano. Sur les chemins de pèlerinage, plusieurs centaines d’Ojis marquent les points de repos ou de prière le long de la route. La tradition veut que l’on nommes ces Ojis « les 99 Ojis de Kumano » mais dans les faits, il y en a beaucoup plus (103 seulement sur la route menant de Kyoto à Hongu). Il y a 5 Ojis majeurs, et Takijiri-oji est l’un d’entre eux.
Brad (l’encyclopédie) nous explique pourquoi cet Oji est particulièrement important. Il est situé près d’une rivière qui, selon la légende, démarque le monde des vivants du monde des morts. En effet, Kumano est considéré comme le Yominokuni, ou monde des mort. Se purifier dans cette rivière en allant vers le monde des morts c’est se délester de tous les fardeaux, soucis et regrets des vivants. S’y baigner en allant vers le monde des vivants, c’est y laisser les impuretés des morts.
Selon le Kojiki (Chroniques des faits anciens, datant de 712) Izanami et Izanagi, les deux dieux créateurs, mari et femme, ont été de passage au Kumano. Izanami étant morte en donnant naissance au dieu du feu, Izanagi décide d’aller la voir au Yominokuni. Lorsqu’il y parvient, Izanami le défend de la regarder, mais il ne peut s’en empêcher. En la voyant, il a si peur qu’il se sauve : le corps de sa femme jadis si belle est maintenant laid et en putréfaction.
En se sauvant hors du Yominokuni, Izanagi saute dans la rivière et se nettoie de toute l’impureté du pays des morts. Alors qu’il se nettoie, les impuretés quittant sont corps se transforment en multiples dieux. Ainsi, en se lavant l’œil droit, il laisse s’échapper Amaterasu, la déesse du soleil et créatrice de la nation japonaise.